Histoire

Il existe peu de vestiges dans la commune d’Anglards des périodes antérieures au XIIe siècle.

La période paléolithique

De la période paléolithique (2.000.000 à 10.000 ans avant J.C.), à l’âge de la pierre taillée, où les hommes étaient nomades et ne vivaient que de cueillette et de chasse, il ne subsiste aucun vestige dans la commune.

La période néolithique

Pour la période néolithique (10.000 à 2.000 ans avant J.C.), à l’âge de la pierre polie, où les hommes se sédentarisent, domestiquent les animaux, deviennent éleveurs, cultivent la terre et vivent en habitat groupé, on a retrouvé un dolmen, actuellement visible sur la place d’Anglards, et un menhir à Menterolles. Il existe aussi des tumules, tel celui du village de Bouisse, sépulture ou emplacement d’un château.

L’âge du bronze et l’âge du fer

Dès le néolithique, puis à l’âge du bronze (1.800 à 750 avant J.C.), les Ligures, dont l’origine est mal connue, s’installèrent d’abord dans les vallées. Peuch-Panic (Pépanie) fut très probablement le premier village occupait par les Ligures, ensuite ils entreprirent le défrichement des plateaux. Ils disposaient d’un outillage en pierre polie, possédaient des animaux domestiques, utilisaient la poterie et les objets en os, tissaient des étoffes et entouraient leurs villages de remparts. Ils croyaient en une vie après la mort et incinéraient ou inhumaient leurs morts.

À partir du VIe siècle avant J.C., à l’âge du fer, les Celtes, parmi lesquels les Arvernes, venus d’Europe Centrale, refoulent les Ligures dans les zones granitiques moins fertiles et prirent leur place sur les bonnes terres.

Ler Arvernes, excellent dans la métallurgie du fer, se dotent de longues épées de fer et introduisent l’araire à soc de fer, le cheval et les véhicules à roues. Ils avaient, comme les Ligures, le même culte pour les forces naturelles : c’est ainsi qu’ils célébraient le solstice d’été, le 24 juin, par de grands feux et des sacrifices. Cette tradition s’est perpétuée. Parmi leurs nombreuses divinités, ils aimaient les génies tutélaires du foyer.

Des traces archéologiques de cette époque existent dans le pays mauriacois, par exemple l’enceinte d’Escouailler, qui était un oppidum entouré de ravins.

La conquête romaine

La conquête romaine marque la fin de la civilisation celte. Les Arvernes obtiennent un statut autonome qui leur permet de conserver leurs lois et leurs magistrats.

Des routes empierrées sont construites, telle la route d’Anglards à Salers attestée par le nom de lieu Viareau (Biaura en 970), la chaussée de Mauriac à Aurillac par le Puy Mary (chemin d’Anglardz-es-Montanges en 1684), dont le souvenir subsiste à travers certains vocables, comme la buge de l’Estrade (strate : chaussée pavée) entre Fignac et Combre.

De nombreuses terres furent défrichées et des “villas”, c’est-à-dire de vastes domaines de plusieurs centaines d’hectares se constituèrent. Ces villas avaient des annexes, par exemple un four, d’ou le nom de Fornolus : Fournol (petit four). Le propriétaire résidait dans son domaine et, secondé par un intendant, le faisait valoir lui-même avec de nombreux esclaves.

La langue officielle était le latin, mais le gaulois continua à être parlé sans doute jusqu’au IVe siècle.

Les invasions barbares et la période franque

Lors de l’invasion barbare de 276, les campagnes sont ravagées, les bâtiments incendiés. La main d’oeuvre devient rare. Les propriétaires, pour ne pas laisser les terres en friche, les mettent en valeur par le système du colonat, sorte de métayage, avec un bail perpétuel. Ce système a été fréquemment à l’origine des villages ou hameaux actuels.

C’est ainsi qu’à la fin de l’époque gallo-romaine des colons s’installent à Buxea (Boisses, puis Bouisse) et à Joncosa (Joncoux).

Toutefois, la villa subsistait, avec une partie des terres que le propriétaire faisait cultiver par des esclaves munis d’une tenure servile, soit aussi très souvent, au moyen de corvées fournies par les colons et les serfs.

Au IVe et Ve siècle de nouveau domaines furent créés, soit à la suite de défrichements, soit par la reconstitution de domaines détruits par les invasions, soit par l’agglomération de plusieurs petites ou moyennes exploitations abandonnées par leurs propriétaires, qui dépouillés par les barbares ou ruinés par le fisc, ne pouvaient plus vivre sur leurs terres grevées de dettes.

Le seigneur féodal remplaça le grand propriétaire gallo-romain et, pour lui aussi, la puissance reposa sur la propriété foncière. Il continua à percevoir les parts des colons et à exiger des journées de travail. C’est là l’origine des droits seigneuriaux.

La bataille des Champs Catalaunique

Cette bataille eut lieu en 451 entre Atilla, roi des Huns et le général romain Aetuis, secondé par Mérovée, roi des Francs et par Théodoric, roi des Wisigoths. Plusieurs historiens situent cette bataille en Champagne (entre la ville de Troyes et celle de Châlons), mais d’autres affirment qu’elle se déroula sur le plateau d’Anglards. Plusieurs arguments plaident en faveur de cette localisation :

La topographie est conforme à la description de l’évêque de Ravennes.
Le site de la bataille est parfois nommé sous le vocable de Campus Mauriacus ou Campus Catalocus (à cette époque, la charte de Clovis fait mention d’Anglards sous le nom de Cataloco).
Une croix de pierre de forme antique, dite “Croix des Batailles” ou “Rouniade”, située entre le bourg d’Anglards et Menterolles, rappellerait cet évènement où 120.000 (165.000?) hommes périrent, dont Théodoric, roi des Wisigoths.

La guerre de cent ans

En 1371, les Anglais de Bertucet d’Albret et de Bernard de la Salle prirent Saignes, Charlus, Champagnac, Salers et le bourg d’Anglards. Les pillages et violences furent nombreux au cours de cette période et furent le fait, non seulement des Anglais, mais aussi des grandes compagnies de routiers.

Ainsi, un ancien capitaine des armées de Charles VI, surnommé Trente Lames, mettait en coupe réglée les environs de Mauriac à la fin du XIVe siècle. Avec d’autres anciens soldats il commit notamment des exactions à l’égard de plusiers habitants d’Anglards, entre autres Durand Rongier (dont la femme fut enlevée et violée), Jean Rongier dit Alsac de Chapsières, Guillaume Chassaing et Jean Navarre. Les paysans décidèrent de se venger et un dimanche soir d’août 1400 attendirent à Bel Air, au dessus du village de Noux, le routier qui revenait d’Anglards sans méfiance et le tuèrent à coups de bâton. Les officiers de la Justice d’Apchon arrêtèrent Alsac et Rongier et les emprisonnèrent. Ils furent graciés peu après, en 1401.

Le massacre de 1427

En 1427, les troupes d’un aventurier espagnol – Rodriquez de Villandrando – embauché par La Trémoille, envahirent la région de Salers où elles firent subir les pires violences à la population. Une compagnie, dirigée par Jean Valette, incendia l’église d’Anglards où les habitants s’étaient réfugiés. Contraints de sortir, ils furent tous massacrés. La chaleur était si forte que les cloches fondirent. Trois prêtres furent pendus devant l’église. Peu après, le responsable de cette tuerie, Valette, fut pendu à Nîmes.

La guerre des sabots

Un premier soulèvement eut lieu en 1633, quand Isaac Dufour, citoyen de Murat, homme fiscal et peu aimé, avait pris l’adjudication de l’impôt établi sur “les animaux à pieds fourchus”. Les paysans irrités se réunirent et s’armèrent. Lorsque les collecteurs se présentèrent pour percevoir, on les renvoya. En vain, la Justice avec ses formalités ordinaires, fit assigner, exécuter, décréter. Ces foudres de papier restèrent sans force et les sergents, recors et archers qu’elle en chargea furent chassés et maltraités. Il fallut alors faire marcher des troupes. Mais, à cette nouvelle, Anglards se mit sur la défensive. Les femmes et les enfants s’armèrent de pierres, les hommes de faux, de haches et de fourches, et dans cet état, s’étant placé en embuscade près d’une gorge par où le détachement devait passer. Ils massacrèrent la troupe qui voulait les imposer.

En 1649, ils remirent ça. Les paysans d’Anglards, d’Ally et de Chaussenac, tuèrent plusieurs archers et le prévôt fut obligé de se réfugier chez le seigneur de la Garde au château de Sourniac.

En 1657, les troupes royales durent intervenir et Gaspard de Montclar, seigneur de Montbrun, parvint à calmer les insurgés et implora la grâce du roi. L’insurgé Vaissière fut pendu.

La révolution de 1789

Pendant la Révolution, les troubles furent moins importants qu’à Salers et Mauriac. Cependant, le baron de Montclar fut arrêté, obligé de verser de fortes sommes d’argent, puis de se cacher. Le château de Montclar fut entièrement détruit et le porche de l’église du bourg fortement endommagé.

Le 11 mars 1789, l’assemblée générale des habitants d’Anglards s’est réunie pour établir le cahier des doléances de la commune et ont désigné, pour le transmettre à l’assemblée du bailliage de Salers du 16 mars, les “sieurs” François Lescurier d’Esperières, Jean Baptiste Lescurier de Fournols et Antoine Faucher, notaire à Anglards. Lescurier d’Esperières, propriétaire du château de Fournols, fut élu député aux Etats Généraux.

La population

La population d’Anglards a augmenté après la Révolution. Alors qu’elle comptait 1760 habitants (275 feux) en 1790, elle a atteint un maximum de 2910 habitants en 1826. Ensuite, elle a diminué fortement, pour atteindre seulement 808 habitants en 2019. Cette évolution de dépeuplement concernant toutes les communes rurales du Cantal, est la conséquence de l’émigration vers les grandes villes, de la guerre de 1914-1918 et plus récemment de la baisse de la natalité.